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l'infirmière sans "e"
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12 mars 2014

Y a-t-il une infirmière dans le service ?

betty boop

Je sais pas vous, mais moi ça me froisse toujours un peu qu’on me prenne pas au sérieux. Pas que je sois fier ou quoi que ce soit, mais j’aime bien qu’on me prenne pour ce que je suis.

J’avoue, j’ai fait 3 ans d’études, j’ai travaillé déjà un an avant dans un hôpital et on a toujours dit « salut les filles » quand on rentrait dans la salle de pause alors que j’étais là ! (J’ai l’habitude…). À la limite ça ne me gêne même pas, j’suis pas fier au point de réclamer la masculinisation du groupe alors que je suis le seul mec depuis… (au moins tout ça).

Je devrais d’ailleurs peut-être ne m’en prendre qu’à moi, j’ai choisi un métier presque exclusivement féminin. Pour preuve, on était que 3 malheureux heureux garçons dans ma promo de 52 (!). On a toujours été plus ou moins chouchouté (faut bien trouver un moyen de nous garder, on savait gérer les présentations Powerpoint chères à nos formateur).

Pour mon Travail de Fin d’Études j’avais même bossé un peu sur le sujet : « La fonction d’Infirmier a longtemps eu et garde encore aujourd’hui une approche sexuée du métier. En 2010 on dénombrait près de 520 000 infirmiers dont 88% de femmes (d’après le répertoire ADELI). Cette représentation remonte à notre histoire où les femmes avaient pour rôle d’assurer le maintien et la continuité de la vie par la procréation. Les femmes sont apparentées alors à la notion du prendre soin, tandis que les hommes se sont appropriés le faire des soins par les traitements pour lutter contre les maladies (cette différenciation amènera à une représentation du chirurgien en tant qu’homme).

                Entre le Moyen-Âge et le XXe siècle, les soignantes (ancêtres des infirmières) étaient des femmes qui étaient entrées dans les Ordres (Tout à fait moi ça !!!). On parle alors de femmes consacrées. En effet, au Moyen-Âge, la femme renvoie à une image de perversion, d’impureté, ses connaissances sont perçues comme suspectes, voire maléfiques, et elle semble donner l’impression de posséder le droit de vie et de mort sur les enfants qu’elle met au monde (Rohh les vilaines). Le seul moyen pour une femme d’exercer les soins était alors d’entrer dans les ordres pour pouvoir être perçue comme un être asexué.

                C’est l’essor du christianisme qui a entrainé une méprise de la chair, les maladies sont alors vécues comme des épreuves divines, rappelant la passion du Christ (Et on se plaint quand on a un rhume alors que l’Autre a été cloué sur une croix pour rôtir comme un petit porcelet –rien de blasphématoire là-dedans, juste de l’humour très noir). Les soins sont alors fondés sur la charité chrétienne. Par la suite, prendre soin sera également une façon pour les prostituées de se repentir (on les appellera d’ailleurs les repenties).

                Le soin ne revêt alors aucune valeur marchande ou économique. Les pauvres, les humbles et les indigents sont soignés gratuitement (tiens si ma directrice savait ça elle nous le rabâcherait souvent !!), les riches, quant à eux, sont soignés par leur femme à domicile (Bah oui, faudrait pas que bobonne aille travailler non plus) ou leurs domestiques (comme aujourd’hui, quoi ??!!).

                Pourtant, il a toujours existé des infirmiers hommes. Ainsi au XIXe siècle il y avait dans les établissements parisiens autant d’infirmiers hommes que femmes. Mais la première guerre mondiale de 1914 à 1918 a déséquilibré cette balance. La fin du XIXe marque d’ailleurs la laïcisation de la profession entrainant par la même occasion une spécialisation de l’infirmière. Cette dernière devient alors l’assistante du médecin. Cela nécessite donc une formation initiale obligatoire. C’est ainsi qu’en 1878 est créée la première école d’infirmières française à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris par le Dr. Bourneville. En 1899 apparait le conseil international infirmier. »

 

Bref, tout ce laïus pour dire que j’en ai marre qu’on me demande « vous auriez pas vu l’infirmière ? » quand les gens rendent visite à leur(s) proche(s). Bah oui quoi, c’est pas écrit assez gros sur mon pyjama ?? (terme technique qui désigne ma tenue super sexy ;-) ). Ils ont même écrit à côté d’ « infirmier » les mots « diplômé d’État » (des fois que j’ai eu un diplôme en cadeau dans la boite de Nesquik® du matin !! Alors ouais, crotte quoi !! J’suis un mec, j’suis plutôt fier de l’être, en général ça se passe très bien avec les patients et patientes (bah oui, il y en a toujours un ou deux qui trouvent à redire sur ce qu’on fait – mes collègues ou moi d’ailleurs). Je suis le seul mec de l’établissement (kiné pas compris ;-) ). Je comprends qu’on n’ait pas l’habitude de me voir, mais zut de crotte quoi !!

 

Alors il y a des jours où je le prend bien, « euh bah désolé Mr, mais aujourd’hui il n’y a que moi, j’me doute que c’est pas ce à quoi vous vous attendiez mais faudra faire avec ;) », les jours où j’ai ma tronche de cake et que je prends au pied de la lettre ce qu’on me dit « pas de problème Mr, je lui dirai à l’InfirmièrE quand je la verrai, mais là elle doit être très occupée », et puis les autres où je râle intérieurement « Mince quoi, qu’est-ce que tu t’en fiches Mr que ça soit unE infirmièrE ou un infirmier, de toute façon elle serait pas venue dans une petite blouse ras le terrain de jeux, en bas résilles-porte jarretelle  et sans culotte, elle a le même pyjama que moi !! »

 

Vous aussi, Messieurs (s’il y en a – 88% de femmes, quelle est la probabilité d’avoir un Homme qui me lise ?), ça vous arrive souvent ? Et vous Mesdames, vous vivez-ça comment la présence masculine dans une équipe ?

 

Masculinement vôtre,

S-IDE

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Commentaires
F
C'est tellement vrai, les patients et les familles s'attendent toujours à voir une femme quand ils pensent soins infirmiers. Mais, pour l'avoir constater à plusieurs reprises, ils pensent presque systématiquement que le médecin est un homme ! J'ai eu un collegue infirmier qui était pris pour le médecin surtout lors des visites avec le médecin femme du service.
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